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Le Doctorat Mutin En Biologie a été mis en place par un groupe hétérogène qui s'assemble sur un socle commun.

Au moment où les universités françaises sont dilapidées, dans un sacro-saint mouvement capitaliste de la performance élitiste privatisante et compétitive, nous affirmons que les visions idéologiques avec le même logiciel, la croyance messianique dans l’efficacité d’une programmation, empêche les pratiques d'une science libre et des communs.
Il n'est plus permis aux étudiant⋅e⋅s, aux enseignant⋅e⋅s, aux chercheuses et chercheurs de se configurer pour démarrer une désincubation, sortir de la captivité de ce phénomène, de superpositions de glissements associatifs contre nature.

Doctorat ou pas, les écoles comme les universités ont fait la preuve de leur incapacité, consentie en plusieurs plans, à générer les conditions de l'exercice des examens libres dans et avec le vivant. Une approche radicale de l’expérience des sciences (Husserl, Logique formelle, Logique transcendantale. 1929) est aujourd'hui même qualifiée de menace. Nous refusons de marcher dans les logiques de séparation, discrimination, contrôle, guerre, inhérentes à la pensée de l'espace occidental postdémocratique (Doctorat Sauvage en Architecture, 2011).

Nous n’avons aucun conflit avec la grande science ; nous rappelons simplement que la petite science a toujours été tout aussi essentielle au développement de l’ensemble des connaissances humaines, et nous refusons de la voir s’éteindre.

Meredith Patterson, A biopunk Manifesto, 30 janvier 2010

Les formations logiques prennent en effet leur source dans l'activité catégoriale (Husserl, 1929). Nous nous autorisons alors à nous auto-catégoriser comme Mutin⋅e⋅s. Nous ancrons notre estampe dans la pédagogie critique, une philosophie de l’éducation et d'un mouvement social qui applique des concepts de la théorie critique et de traditions connexes aux domaines de l’éducation et des études culturelles.

La culture scientifique est nécessaire au bon fonctionnement de la société moderne. La culture scientifique n’est pas un enseignement scientifique. Une personne formée aux sciences peut comprendre la science ; une personne ayant des connaissances scientifiques peut faire de la science. La culture scientifique permet à toutes celles et tous ceux qui la possèdent de contribuer activement à leurs propres soins en santé, à la qualité de leur nourriture, de leur eau et de leur air, à leurs interactions avec leur propre corps et au monde complexe qui les entoure.

Meredith Patterson, A biopunk Manifesto, 30 janvier 2010

Le rapprochement récent des universités et du monde de l'entreprise comme le mariage ancien des écoles d'architectures avec les bétonneurs ne promettent que ceci : les choses deviennent intéressantes quand le marché s'y intéresse. (DSeA, 2011)

La hiérarchisation accouplée à la privatisation engendre des assemblées de petites castes dont les intérêts ne sont plus que les a priori d'un marché financier. Le jugement académique¹⁾ est l'objet d'un consentement social, traduction d'un besoin social − celui de produire une connaissance classifiée et hiérarchisée, de se hisser dans cette échelle − sous la pression duquel se déclenche toute une série de phénomènes comportementaux collectifs :

• Le besoin par toutes et tous et toutes ressenti suggère à toutes et tous la fin. Publier ou périr n'est qu'un symptôme de cette maladie.
• Entre ces deux termes, finitudes que nous refusons, une infinité de moyens termes sont à l'œuvre − un Ouroboros de la compétition dans la configuration actuelle standard. Entre ceux-ci le choix s'impose ; et il vient soit de la tradition, soit de l'autorité tutélaire d'un sous-groupe dominant en renom, soit de la poussée unanime et brusque de tout le groupe (nous paraphrasons ici, à la limite du plagiat, Marcel Mauss).

Ce genre d'assemblées et les sentiments qu'elles produisent sont perpétués par la curiosité impatiente des badauds qui se pressent, dans nos foires, autour des charlatans, vendeurs de panacées » ; « En définitive, c'est toujours la société qui se paie elle-même de la fausse monnaie de son rêve. La synthèse de la cause et de l'effet ne se produit que dans l'opinion publique

Mauss, Théorie générale de la Magie (1902-1903)

Nous assumons notre pratique amatrice. Nous assumons notre non-nouveauté. L'Encyclopédie (7 février 1752 ), les dictionnaires, le dictionnaire de l'Académie française et les conflits nous ont précédés.

Le savoir humain dans sa totalité, la culture dans sa généralité demeurent un héritage de l'humanisme érudit. Mais, libérée du monopole interprétatif de quelques groupes restreints de connaisseurs, la culture devient alors un sujet de discussion profane entre personnes privées faisant un usage public de leur raison au sein des institutions de l'espace public esthétique.

Laurence Allard, L'amateur: une figure de la modernité esthétique. 1999

Nous assumons des filiations et les contradictions dans les nœuds de cette arborescence. Les Doctorats Sauvages et Architecture et Numérique, les biopunks, l'Université Foraine, Université maraîchine, Facs et Labos en lutte²⁾, et tant d'autres interrogent, comme nous l'essayons, et proposent de nouvelles liminarités des abords et des pratiques des techniques et de sciences. Une approche de la Science Ouverte, non comme un moyen pour atteindre des fins, mais comme l'incarnation de droits fondamentaux.

Le mot lui-même, biologie, nous est donnée et située dans le système des sciences en 1766 par Michael Christoph Hanow ; puis en 1797 par les médecins Roose, Burdach et Treviranus (1800 -1802) puis par Lamarck (1800 - 1802), une « science embrassant l'ensemble des phénomènes de la vie dans leur unité, dans leur diversité et dans leur histoire » (J. Gayon, F. Merlin, T Hocquet, 2020).

Nous héritons et nous recevons aussi en charge de responsabilité des maux dans la constitution et les pratiques que nous n'avons pas choisis. Notre champ d'étude et de pratique est peuplé d'histoire et d'individu.

La philosophie de la biologie s’intéresse à des questions philosophiques spécifiques, qui ne se posent qu’en biologie. Nous accordons nos intérêts ici portés sur la biologie et ses enseignements par l'éducation populaire.

La pratique, l'étude, le travail, par, dans, et avec le vivant est un commun pour la production de savoirs et de connaissance du monde.

it may be, that long after the theories of the philosophers whose achievements are recorded in these pages, are obsolete, the vision of the poet will remain as a truthful and efficient symbol of the wonder and the mystery of Nature.
Thomas Henry Huxley (1869), 4 novembre 1869, introduction au premier numéro paru de la revue scientifique Nature.

2020 aura été l'année la plus chaude sur notre planète depuis 1900, année aussi d'une pandémie mondiale et théâtre de comportements, de débats, de décisions, d'actes, aux qualités et granularités variées. Dans la même temporalité, la démonstration de la puissance de pratiques collaboratives, dans les sciences et au-delà de celles-ci, se présentait aux yeux du monde.

Même sans liens directs, science et politique s'entremêlent et se renforcent réciproquement sans qu'aucune ne soit réductible à l'autre.
Charles Coulston Gillispie

Florence Nightingale forgea il y plus de 170 ans la clé de notre ouverture. Les programmes d'astronomie amatrice collective du milieu du XXe siècle n'ont fait que répéter la démonstration. Aaron Swartz ouvrit des chemins vers un monde meilleur que Jack Andraka emprunta.

L'impact le plus important de la science citoyenne se situe dans la recherche sur la biologie, la conservation et l'écologie
C. Kullenberg, D. Kasperowski, 2016

Les outils de la biologie ne sont pas des armes de savoirs réservés à des gardien⋅nes de temples estampillés cellulaire, immunologie, conservation, écologie, ou microbiologie. Nous désacralisons, nous partageons, nous œuvrons. Les hypothèses, les tests, les enquêtes, sont des libres fondamentaux. Bionomie, biotaxie, biotomie, ne seront ni enfermées dans un coffre, ni privatisées. Nous nous responsabilisons face aux liens entre objets de savoirs et sujet producteur de connaissance, et les objets de connaissance.

Alors leurs mots, notre monde. Et ce doctorat mutin comme la création de nos propres moyens de connaissance, affrontant les communs négatifs qui nous sont donnés en héritage.
Ici, nul dispensaire, ni savoir en charité surplombante, à ingérer, nulle simplification démagogique, nulle sanction décorative, mais un lieu, espace-temps, et un moment de rencontre, d'échange, d’accès ; de configuration sociale particulière dans laquelle nous nous engageons en responsabilité partagée, « intentionnellement à la conception d’une représentation commune » (Burret, 2017). Une vision sur le monde et dans nos pratiques qui ne se satisfait pas de celle imposée et partielle par des relations et position de domination.

Une affirmation : il est plus que temps de nous défaire de carcans qui nous oppressent. D'outiller Nos intellectuel⋅le⋅s, de Nous instituer en intellectuel⋅le⋅s aussi, refusant de trahir. De composer nos culture critiques, de repolitiser nos techniques. C'est avant tout avouer et explorer collectivement notre ignorance et la difficulté d'appréhender à hauteur humaine notre propre espace : la biologie ; de la comprendre et la refaire à la hauteur de nos impossibles.

Le corporatisme, les corporations nourries par des individus en phénomène sociale, induisent et chérissent les acronymes ; de telles postures triomphantes assoient le plafond d'un pouvoir. DMeB est une aiguille à détricoter les pelotes des fabriques des savoirs et de la connaissance.

Le langage universitaire nous apparaît aujourd'hui non pas tel un donné, bien plus effectivement comme un capté. Il s'érige en barrière volontaire, pour montrer un plus d'intelligence qui s'exerce que la plèbe, comme le jargon des magiciens avant nous habillait leur pouvoir. Ce langage est une « épistémologie de la domination en puissance » (Léna Dormeau, 2020). Science se fait à partir de mots forgés et précis depuis si loin de Platon luttant face aux sophistes et aux aphorismes. Nous nous engageons à travailler l'expérience qui livre ces sciences sans rien céder à la contestation universelle de la science. Nous concevons des espaces-temps pour offrir la liberté de dire depuis sa langue, d'apprendre les raisonnements et les articulations, de partager des mots en discussion³⁾.

Nous apprendrons des révoltes paysannes et des résistances des subalternes pour mener une insurrection universitaire contre les grands corps de l’état et leurs pions ministériels.
Marc Jahjah, 2020

Lorsqu'un gouvernement propose de sanctionner la vie sociale sur les campus universitaires tel que :
1 an de prison et 7500€ d’amende pour pénétrer ou se maintenir sur un campus universitaire dans le but « de troubler la tranquillité ou le bon ordre » ; 3 ans de prison et 45000€ d’amende si « en réunion ».
Nous constatons alors qu'un des éléments cruciaux du répertoire d'action et de la mise ne mouvements d'étudiantes et d'étudiants depuis cinquante ans seraient dès lors un délit pénal.

L'Université avait été un lieu de discussions, d'échanges, de contestations, de revendications, de réflexions , d'effervescence. Plusieurs mouvements contestataires d'injustice y ont pris naissance. Une forge des savoir-êtres, des savoir-faire, et des connaissances par la contradiction. Tissant par occasion des liens avec le mouvement ouvrier, agricole, entre autres.

Nous refusons ce déni de liberté, de justice et contestation et la criminalisation d'actions légitimes.

Depuis le XIIIe siècle en France jusqu'au temps présent, en passant par la création en 1966 du doctorat en biologie humaine, et la suppression par la révolution puis la ré-institution napoléonienne et les différentes réformes empilées, le concept de doctorat est aujourd'hui régi par des textes administratifs et réglementé par arrêté. Cette histoire mouvementé et la normativité actuelle se tissent avec une administration et des politiques publiques dans une grammaire formalisant la destruction des arts et des habilités à recherche et aux apprentissages.

Nous reprenons le « doctorat » non pas en grade ; nous le reprenons en symbole de notre fortune pour entreprendre l'aventure d'une grammaire qui s'ouvre à des nouvelles modalités et d'expériences des savoirs. Toujours sur le métier remettre les recherches.

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