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Louzaouiñ Graines de luttes 2022

draft-reprises-des-savoirs-kn-01.jpgChantier Reprises de Savoirs à Rennes

Pad de notes de pré-organisation locales : https://pad.kaouenn-noz.fr/p/louzaouin

Collage réalisé avec l'Éditeur d’image GIMP version 2.10.30, œuvre sous licence Art Libre, base Logo Kaouenn Noz par Colpizen et une “Boechera stricta by Mason McNair” via PhyloPic

Louzaouiñ

Verbe en langue bretonne qui signifie traiter, panser, phytosanitaire, soigner, etc. (une maladie, ou traiter avec un produit phytosanitaire)

C'est déjà un combat de se ré approprier notre langue jadis interdite et dénigrée, c'est un plaisir de s'impliquer dans la vivacité d'une culture.

À Rennes, un secteur entre la plaine de Baud, le cimetière l'Est, le stade Jean Coquelin, le jardin du Landry et la maison de quartier Francisco Ferrer. https://www.openstreetmap.org/#map=16/48.0991/-1.6549

parc-lb.jpg

Rendez-vous chaque jour au Kaouenn Noz : Venir et accéder au Biohackerspace

La zone de base et d'accueil des personnes sera précisée prochainement

Quand

22 au 27 Août Report par impératif de dernière minute

Nouvelles dates prévues :

du lundi 24 au samedi 29 octobre 2022

Questions & Inscriptions

contact/CHEZ\kaouenn-noz/POINT\fr

C'est quoi ce chantier ?

Venez on récolte des graines dans un coin de Rennes.

On les fait germer : dans l'eau, mais aussi dans d'autres substrats qui nous inspirent, qui nous paraissent intéressants à observer, qu'on pense qui pourraient influencer le goût des choses. On observe, on laisse faire, on goûte (si possible), on note, et on essaie d'apprendre et on se prend pas trop au sérieux.

Cela est un fil conducteur de chantier :
Se réunir et s'engager en responsabilités partagées sur les questions de qualité des eaux et des sols, les métaux lourds, perturbateurs endocriniens, PFAS, et comment des solutions se nouent dans une fragilité solidaire en bas de chez toi.

On va flâner, on va discuter, on va repérer des végétaux, des « mauvaises herbes » dans notre quartier. Nous allons avant toute chose prendre soin de nos socialités.
Et certains végétaux ont de graines, et certaines graines sont utilisables dans votre cuisine, de 7 à 107 ans. Et même que certaines de ces graines peuvent être utilisées pour aider à repérer la présence de métaux lourd et/ou de perturbateurs endocriniens dans l'eau et dans les sols.
Y'a des scientifiques qui nomment cela « Bioassay » (en anglais). Nous sommes cul terreu⋅x⋅ses et on parle pas bien, nous on dit ici retirer des Louzoù et ensuite on Louzaouiñ.

L’usage des graines de végétaux pour enquêter sur les polluants dans l’eau (et cartographie de ces végétaux par le même occasion), avec aussi, en plus de la réappropriation des savoirs et de l’enquête, des séances avec animations en méthode d’éducation populaire et des sessions de BioFabulation, c'est à dire écrire de fiction tout en faisant de la biologie de comptoir.

Comme le comptoir, ce sera à la fois un espace de sociabilité, mais aussi un espace de dégustation. Pour ça, on s'aidera des méthodes utilisées pour les dégustations de vins, cafés, thés, miel, pains, en fonction de ce qui nous parlera le plus.

Si cela n'est pas accessible aux plus démuni⋅e⋅s et aux plus dominé⋅e⋅s, alors cela n'est ni radical, ni révolutionnaire !

Un « chantier » sur la question de pollution des eaux et des sols traitées par les personnes qui ont les pieds dans ces sols et eaux.

Genre 1 semaine pour, en partant de zéro, faire et écrire des recettes de cuisines, réplicables en cuisine par nos grandes mères et très jeunes sans genre pré-établi, à partir de graines de végétaux du coin que l'on fait germer dans l'eau, puis juste photos et mesure à la règles d'écoles des racines.
Un peu comme un salade pensée, cueillette, cuisinée, transmise, ensemble.

parc-lb-01.jpg Et des ateliers de “petites histoires, grande histoire” et arpentage (educ pop) ensemble pour raconter une politique collective critique et non binaire.
Bref, révéler l'invisible en se reprenant la légitimité et le pouvoir sur les techniques, la vie ensemble, et les décisions.

Et aussi des moments sans rien faire.

Les règles d'accueil pour ce chantier sont les même que celles décrites ici :

Être collectif, ce n’est pas bâillonner son individualité, mais simplement réussir à contribuer à un sens de la justice partagé. […] Qui dit négociation suppose enfin, par définition, que chacun des négociateurs dispose d’assez de pouvoir pour obliger l’autre à tenir compte de ses propres positions.
Pascal Duret, Muriel Augustini source

Nous agissons avec une approche bricolée, nous assumons, qui devient bricolante de notre chemin de reprises sur nos quotidiens et nos situations.

Qui peut venir

Toute personne de 7 ans à 107 ans qui prend en compte et conscience des règles d'accueil pour ce chantier sont les même que celles décrites ici :

La participation est gratuite.

Le nombre de place est limitée à 20 personnes, pour s'inscrire : écrire à contact[AT]kaouenn-noz.fr

Repas et boissons

Pour les repas et les boissons… … … description de la logistique à venir

Est-il possible de dormir sur place ?

Les 3 places disponibles à Kaouenn Noz sont réservées depuis le 20 mai 2022.

Un effort pour trouver 5 à 7 autres places de logements est en cours depuis le 2 juin 2022
Nous pouvons aider les personnes ayant besoin d'un logement à trouver un coin douillet chez nos allié⋅e⋅s et ami⋅e⋅s à proximité.

Toute personne sur place, ou en amont de l'événement, peut proposer une activité. Chaque jour et à tout moment
  • Celles et ceux qui seront là feront l’événement
  • Il n'y a pas vraiment d'organisat⋅eur⋅rice⋅s en chef⋅fe⋅s
  • Chaque participant⋅e peut porter une responsabilité collective si cela lui convient

Do It Yourself :

  • Tu t'organises, sans te reposer sur les non-organisat⋅eur⋅rice⋅s
  • Tu honores la loi des deux pieds
    • Tu es soit en train de contribuer, soit en train d'apprendre.
    • Ou alors tu peux passez à autre chose !
    • Et revenir quand tu en auras l'envie
  • Tu sais que les personnes présentes sont les bonnes
  • Les participant⋅e⋅s viennent lorsqu'iels le peuvent, iels restent le temps qu'iels souhaitent rester
  • Ce qui ressort de ce chantier sont les fruits des jardins communs cultivés par les parties prenantes

Fragments documentaires

Nous étions trois : Xavier, MayHoua, et Anouk.
Toutes les autres personnes se sont désistées au dernier moment, pour différentes raisons. Ça nous a un peu posé question, sans nous empêcher de faire chantier avec qualité.
May et Moi avons été accueillies avec beaucoup de bienveillance et un soin taillé sur mesure.
J’ai habité une chambre-bureau-labo, dans l’appartement d’Émilie, Xavier et la toute jeune Hannah.
Il s’agissait pendant 5 jours de faire communiquer des mondes qui se croisent mais qu’on ne voit pas se relier : la biologie, l’écriture intime-politique et poétique, l’enquête environnementale, le soin.
Noush

Lundi

MayHoua et Xavier se sont rencontré et ont partagée leurs histoires respective sous le prisme de leur lien au potager nourricier. L’outil « petite histoire, grande histoire » leur a permis de mettre cela en perspective et en résonance avec les évènements historiques et médiatiques concomitants. Leurs histoires individuelles sont alors mises en lumières par l’histoire collective et politique, celle de la colonisation, des déplacements qui y sont liés, de l’urbanisation des modes de vies, etc.

Fig. 1: Photographie d'un planche de table à tréteaux utilisée pour mettre en communs les petites histoires et dates de la grande histoire dans un frise temporelle, depuis la thématique du potager

En matinée :

Visite du biohackerspace.

Il s'agit d'une cave aménagée, sans humidité et avec une entrée de lumière naturelle. Nous y passerons beaucoup de temps à échanger, expérimenter. Plus qu'un laboratoire, c'est un refuge où tisser des liens, recomposer des récits biologiques-technologiques-politiques et culturelles. C'est un refuge ou déconstruire nos savoirs, reprendre ceux dont nous avons été éloigné·e·s par la sélection organisée du système scolaire entre ceux·celles qui font de la science et les autres, ainsi que par la spécialisation des champs académiques rendant difficile voire impossible le dialogue entre les disciplines. Nous échangeons sur nos parcours, notre rapport à la biologie : un rapport complexé, contrarié, d'échec même de type élève au profil littéraire puis études en sciences humaines et sociales ; ou un rapport classique de type élève de bac S et fac de bio avant la perspective de travailler pour l'industrie bio-chimique, bifurcation par le refus de cette prédestination et déconstruction des savoirs et outils d'analyse du vivant par le biohacking. Une question se pose : comment sortir de cet entre-soi de diplômé·e·s en quête de reprises de savoirs ?

photo_2022-10-28_12-49-29.jpgFig. 1: Photo d'une des paillasses du wetlab du biohackerspace avec des cuves à bioessais (pots de crèmes brulées) préparés pour le chantier, et des livres "Des fleurs, des Graines, de L'ADN" & "Bioassays advanced methods & application"kill-facism.jpgFig. 1: Photographie d'un bout de mur du biohackerspace recouvert de stickers

Visite du parc square Léon Bourgeois.

L'espace ouvert et relativement étendu est privé et géré par la copropriété. L'impression de modestie ou pauvreté paysagère (gazon entretenu, arbres) laisse très vite place à une impression de calme, qui dénote avec l'agitation des boulevards alentours. Les bacs potager collectifs, les bacs à compost, quelques plantations au pied d'un immeuble (tomates, sorte de liseron courant sur la balustrade grillagée), sont autant d'initiatives associatives et citoyennes pour « habiter » ce lieu. Ces motifs et gestes, qui apportent un peu de diversité dans le paysage, ne sont pas sans mettre en tension les limites entre privé et public.

Comment accepter que tous puissent s’approprier ce lieu alors qu'il est la propriété de certains ? La négociation et le dialogue permettent jusqu'à maintenant de maintenir un statu quo. Le paradoxe de ce lieu privé est d'avoir été pendant les différents confinements un espace protégeant des contrôles policiers s'appliquant aux espaces publics. La question de la propriété revient, elle est devenue incontournable dans notre rapport aux lieux que nous habitons. Faire face à l'accaparement de certains espaces n'est pas sans contradictions. La propriété d'une parcelle transformée en potager en lisière de la ville peut par exemple venir en réponse à la spéculation urbaine. Que fait la propriété à notre manière d'habiter ? Qu'est-ce qu'habiter ? Cela peut aussi être prendre soin et tenter de comprendre les contraintes complexes d'un lieu situé entre zone urbaine polluée, zone naturelle n'ayant plus grand chose de naturelle et zone inondable servant de tampon à tout un bassin versant.

  • Récupération de plusieurs graines sur différents végétaux dans les bacs potagers

bac-potager-reprises-des-savoirs-rennes.jpgFig. 1: Les bacs potagers pédagogiques dans un coin du square Léon Bourgeois

Visite du quartier : rue de Vern, boulevard Léon Bourgeois, rue de Châteaugiron. En mutation très dense, le quartier est jalonné de chantiers qui ont pris la place d'anciennes maisons individuelles. Certaines, aux volets clos, sont en attente d'être déboulonnées. Des pancartes aux perspectives trompeuses laissent imaginer l'élévation de futurs immeubles. La ville est devenue un palimpseste où des couches urbaines viennent s'inscrire sur d'anciennes couches effacées. Sur les palissades délimitant et cachant quelque peu les nombreux chantiers, si ordinaires dans la ville, notre mémoire vient buter. Qu'y avait-il avant à cet endroit ? Où se trouvait cette maison avec son atelier attenant ? A force de conversations, de croisements entre nos souvenirs de la ville, un bout de mémoire collective émerge. Nous reconstruisons un récit de cette ville qui nous échappe.

En après-midi :

Atelier « petite histoire, grande histoire »

Suite aux conversation et à la balade matinale, il est décidé de mener l'atelier « petite histoire, grande histoire » à partir du thème du potager, sorte de dénominateur commun. Au café Génépi, nous passons d'abord une heure à rédiger individuellement notre petite histoire du potager. Puis une autre heure est consacrée à la rédaction de la grande histoire en résonance avec ce thème. De retour au biohackerspace, nous partageons et croisons nos petites histoires sur une frise.

Nos petites histoires de potagers sont étroitement liés à celles de nos familles : famille d'immigrés cherchant à cultiver les légumes du pays, famille d'origine modeste dont la grand-mère cultive son potager. Deux familles qui passent par ce même quartier populaire de Rennes, Villejean, où nous avons sans doute fréquenté la même école à quelques années d'intervalle. Nos petites histoires de potagers sont aussi liées à nos déplacements entre la ville et la campagne, la vie rurale facilitant l'accès à un potager. Autre point commun, nos années d'études sont marquées par l'absence totale de potagers dans nos vies, non seulement en raison d'une période très urbaine mais aussi en raison d'enseignements universitaires ne portant aucun intérêt pour les pratiques et les savoirs liés au potager, même en biologie. Le retour au potager en milieu urbain est une étape d'un cheminement long, au cours duquel il a fallu réapprendre des savoirs qui étaient présents dans nos familles mais ont été perdus.

La grande histoire peut sembler éloignée de nos petites histoires de potagers mais les récits que nous en faisons rappellent que notre attention au potager est fortement liée au sentiment et à l'expérience de la catastrophe.
D'un côté catastrophe de la guerre, catastrophe de la colonisation, catastrophe de l'exil qui ont dégradé et anéanti les liens avec certains environnements. Le potager étant possiblement un espace où le récit des origines peut se reconstruire. Puisque la catastrophe a déjà eu lieu, les événements marquants de la question raciale et de l'antiracisme : émeutes de Los Angeles en 1992, manifestations contre les violences policières en 2020, ne sont que les ricochets de celle-ci. Les générations, qui n'ont pas connu directement la catastrophe et vivent ses ricochets, se sont vues imposées des récits les empêchant de comprendre la catastrophe vécue par leurs parents et de s'outiller pour lutter contre ses conséquences. La déconstruction, la recomposition de récits tus, le croisement de parcours intimes avec certains événements géo-politiques, font partie des démarches postcoloniales et décoloniales. Il sera rappeler que cet exercice d'éducation populaire « petite histoire, grande histoire » a été initiée par une personne ayant fait l'expérience de l'exil.
D'un autre côté, enchaînement de catastrophes environnementales : naufrage de l'Erika en 1999, explosion de l'usine AZF de Toulouse en 2001, le séisme en Haïti en 2010… Affronter la catastrophe en cours peut ramener au vivant, au potager.

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Cet atelier a été riche en échanges et partages. Il existe bien une histoire intime du potager, qui est aussi une histoire sociale. Et malgré les temporalités différentes dans lesquelles nous vivons la catastrophe, le potager est un moyen modeste mais tangible pour y faire face.

Mardi

Journée « reprendre les sciences et techniques » et les ramener dans nos cuisines et nos jardins avec nos recettes à nous.

Nous avons fait des bio-essay pour repérer la présence de métaux lourd dans l’eau. En s’inspirant des enquêtes environnementales de Public Lab, nous avons appris un protocole qui met à l’épreuve de l’eau (cela peut se faire avec de la terre) grâce à l’observation très régulières de la croissance de graines. La recette comprend six contenants qui ont entre 100% et 0% d’eau testée
Noush

bioassay-louzaouin-day-2.jpgFig. 1: préparation par dosage des solutions dans lesquelles les graines vont être mises à germer dans des environnements contrôlés avec graduation de concentration mesurée, autrement dit : tests qualitatif de bioessai avec des graines

Nous avons utilisé la recette conçue entre Kaouenn Noz et PublicLab :

Et les livres :

radish-seeds.jpgseed-bioassay-bip.jpgFig. 1: Voir aussi https://thx.zoethical.org/t/biomonstration/186 avec petites singularités

En matinée :

Avec l'arrivée d'Anouk, nous nous sommes à nouveau baladé⋅e⋅s dans le parc et le quartier. Prendre le temps de regarder la ville, de la sentir sous nos pieds, de la raconter…

Elle est nous, nous sommes elle. Elle est emplie d'imaginaires autant qu'elle fait obstacle. Le capharnaüm des réseaux, des flux, des couches enchevêtrées d'humains, artefacts et autres vivants, virus comme bactéries, nous traversent, nous transportent, nous coulent par-dessus, en-dessous. Comment comprendre où tout cela va ? Où vont les eaux, nos eaux usées ? Où s'en sont allés ces écoulements ocres sortis des chantiers, dont les traces marquent encore les trottoirs et les caniveaux ? La ville peut être un terrain d'enquête. Encore faut-il s'outiller, reprendre les savoirs nous permettant de reprendre prise sur nos milieux.

Nous retournons au biohackerspace pour une initiation à l'enquête environnementale : comment enquêter sur la présence de molécules dans l'eau tels que perturbateurs endocriniens, métaux lourds ?

L'atelier est pensé pour être reproduisible en cuisine et les étapes comme celles d'une recette. Matériel, ingrédients, marche à suivre… En cuisine !

La première fois que j'ai fait le test des graines sous les conseils de Xavier, je me suis trouvée très gauche. Malgré la volonté de rendre accessible la marche à suivre, les souvenirs des cours de bio du collège sont quelque peu remontés à la surface. Bien que pensée comme une recette de cuisine, une expérience en biologie garde pour moi quelque chose de « grave » !

Il y a toujours une dramaturgie qui se joue dans la mise en place d'une expérience avec l'attendu d'une réaction biologique. Est-ce qu'il va se passer quelque chose ? Est-ce que j'ai bien fait les choses pour qu'il se passe quelque chose ? Est-ce que je saurai observer et analyser les choses qui se passeront ou qui ne se passeront pas ? C'est je crois ma position et mon rôle dans l'événement mis en place que j'ai du mal à gérer. Ce n'est pas un test froid, dénué d'émotions.

Au contraire. Il faut avoir la maîtrise du protocole tout en acceptant que le résultat nous échappe. Il est difficile d'éviter la relation sachant-apprenant dans ce type d'atelier mais elle a été atténuée par la possibilité de se tromper. Et il y a eu des erreurs, de calculs, de manipulations… Je n'ai eu qu'une seule envie : recommencer !
Mayhoua

Mercredi

Nous avons fait lecture par l'arpentage du tract de recherche Prendre soin, prendre pouvoir : design en cuisine et empowerment écrit par le designer queer Saul Pandelakis en 2018.

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Avec cet arpentage, l'ambiance est donnée ! La cuisine est un lieu de reprise de pouvoir et un lieu éminemment politique. Toutes les personnes mémorisées peuvent trouver en cuisine un espace où prendre soin de soi et des autres, un espace où être. C'est là un imaginaire à investir pour le design et une définition possible de la discipline : la mise en place de formes et gestes relevant du care nous permettant d'être ou d'aller vers ce que l'on est, dans le souci de ne pas créer d'autres oppressions.

photo_2022-10-28_12-49-28.jpgFig. 1: Photographie du tract de S. Pandelakis arpenté ce jour

On y comprend que la cuisine peut être un lieu d’empouvoirement féministe et transféminisme par le design. Le design permet justement de projeter l’ambition du care dans un espace de gestes ou d’habitus (existants ou à composer). Ce geste en cuisine appelle donc à l’autonomie des corps et a le potentiel de créer des figures de résistances déviantes. On a enregistré la restitution de cette lecture mise en commun.

  • Audio de la mise en commun pour lecture par arpentage (coming soon)
  • Bonus : lecture d'un bug dans la notice d'un auto-test (immuno-chromatographique)

Après-Midi

Atelier Biopanique, cuisine et féminisme au café bar le Teddy's

L’après-midi, on a ramassé des feuilles et des champignons, pour les mettre en pièces et les dissoudre chimiquement, pour en extraire la chromatographie. On a donc désassemblé et remonté des matières organiques et des contextes socio-historiques qui ont participé à la création de ces objets et des sciences liées, parler des sorcières brûlées d’avoir fait ça à leur époque. Nous avons aussi démonté des auto-test de grossesses et leur notices, tenté de déplier les histoires attenantes, appris à cette occasion qu’au Mexique, un test de grossesse coûte en moyenne entre 20 et 30% du revenu solidaire minimal. Et enfin, nous avons extrait et observé à l'œil nu l’ADN de pois-cassés, rappelé l’histoire des cellules souche cancéreuses d’fr:Hela prélevées et conservées sans son consentement sur fr:Henrietta Lacks

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photo_2022-10-28_12-49-31_2_.jpgFig. 1: Notes et dessins lors de la session de rétro-ingénierie sur les auto-tests d’immuno-chromatographie (tests de grossesse et d'ovulation)

Qu'est-ce qu'il se passe lorsque nous pratiquons la biologie, lorsque nous séparons des molécules, lorsque nous mettons en pièce des artefacts censés contrôler les corps des femmes, lorsque nous extrayons de l’ADN ? Quels récits se mêlent à nos expérimentations ? Quels possibles politiques pour une réappropriation de la biologie et sa pratique collective ?

  1. Première étape : Technique de la chromatographie.
  2. Deuxième étape : Désassemblage d'un test de grossesse et d'ovulation.
  3. Troisième étape : extraction d’ADN de pois cassés.

Quelle journée forte en émotions. Difficile d'en restituer la totalité mais une telle expérience nous fait entrevoir ce qu'est le biohacking.

Aux gestes, à la manipulation se sont mêlés des récits, des discussions sur le rôle des femmes dans l'histoire de la biologie, sur le rôle de la biologie dans le contrôle des corps des femmes mais aussi d'autres corps minorisés et colonisés, sur la réappropriation de la biologie dans une perspective queer de réappropriation de son propre corps.

Jeudi

Observation des bioassais lancé mardi


(box dite “Control”)

Balade et discussions avec des habitant⋅e⋅s du quartier

L'fr:Albizia julibrissin condamné par l’augmentation du parc immobilier à Rennes.

Fig. 1: détails de l'Albizia, fleurs et feuilles

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graines-albizia-reprises-des-savoirs-rennes.jpgFig. 1: Graines de l'Albizia de l'avenue Mouezy condamné par la démolition de la maison individuelle où il est planté pour être remplacée par un immeuble de plusieurs dizaines d'appartements

Balade en ville et long de la Vilaine

Vendredi

Nous avons observé l'évolution de nos bioessais lancé en début de semaine

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Marcher en ville et entraîner son regard et autres sens pour repérer des écoulements d'eau probablement lié à des relâchement de chantiers de démolition et/ou de construction.

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Nous sommes allé⋅e⋅s prélever deux échantillons d’eau du quartier pour les tester par les graines dans 6 échantillons de diverse concentration en eau testée / eau déminéralisée.

Nous avons lancé une seconde série de bioassay, avec des graines différents de la première série, graines de Laitue et de Arabidopsis, dans les prélèvements réalisés dans la plaine inondable de Baud Chardonnet.

cassette1-reprises-des-savoirs-rennes.jpgcassette2-reprises-des-savoirs-rennes.jpg

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Louzaouiñ
L’on a vu s’hybrider et se décaler les matières, les vivants micro et macroscopiques, les concepts, les histoires, par des dispositifs et des outils qui n’existent pour certains qu’ici. Savoirs situés donc, mais toujours en lien avec d’autres lieux et d’autres temps.
Point de conformisme. De la subversion, de la modestie, des ouvertures et des mises en correspondances entre territoires et trajectoires fabulées.
Dans le quartier et plus généralement à renne, la rénovation urbaine bouche les horizons : il faut en ouvrir ailleurs.
Sous terre, dans nos cuisines, dans nos cœurs. Aller dans les sous-sols pour défaire et refaire autrement. Déconstruire les discours, les objets, les imaginaire, les comportements. Mettre en pièces détachées (des champignons, des tests de grossesse, des pois cassés, des trajectoires individuelles et collectives de vies) et voir ce qu’il y a dans les interstices. Construire de nouvelles limites, les interroger avec ce que l’on prélève, ce que l’on décortique, les non-humains d’antan et ceux des cours d’eau pollués. Faire parler ces eaux via des graines qui germent, questionner leur différences morphologiques. Cuisiner à notre sauce, et ainsi prendre pouvoir. Se faire expert⋅e d’enjeux de santé publique par la réappropriation des expériences scientifique et l’élaboration d’une stratégie collective sur le lieu.

Nous avons donc tenté d’être attentif⋅ves au qui-vive des êtres non-humains qui sont toujours prêts à déborder de nos attentes. Altérer les chemins habituels, faire avec le dessous des choses, l’indistinct. May et Anouk étaient super heureuse d'avoir pratiqué dans un cadre de confiance des pratiques de biologistes, et découverts les usages stratégiques ou/et ludiques infinis qu'elles… ouvrent

Samedi

Contrôle des germinations dans les cuves de la série 1 de bioessais lancée mardi.

graines-control-serie-1-reprises-des-savoirs-rennes.jpgFig. 1: Photogrpahie des graines de radis mise en germination dans la cuve control, 100 % eau distillée déionisée, de la série 1photo_2022-10-28_12-49-25.jpgFig. 1: Photographie des graines mise en bioassai dans la cuve 1 de la série 1

graines-control-serie-1-complet-reprises-des-savoirs-rennes.jpgFig. 1: La série 1 complète de bioessais : La cuve control, 100 % eau distillée, présente une germination prononcée des graines de radis ; la cuve 2, 75 % eau distillée 15 % eau que nous voulons tester, présente un début de germination sur quelques graines seulement. Cuve 3, 50 % eau distillée 50 % eau testée, cuve 4, 15 % eau distillée et 75 % eau testée ; cuve 5, 10 % eau distillée et 90 % eau testées ; cuve 6 100 % eau testée, ne présente aucune germination sur aucune graine, ni de trace visible de développement d'autres organismes (« moisissure »). La série 2 de bioessais est présentes dans les 2 cassettes en bas à gauche et en bas à droite des cuves de la série 1

Après-midi :

session Do It Yourself microfluidic Punk It with others! (voir Lowtech Microfluidic)

Qui est impliqué⋅e⋅s dans l'organisation ?

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hors_les_murs/reprises_des_savoirs/louzaouin_graines_de_luttes.txt · Dernière modification : 2023/11/20 15:54 de xavcc